Bien que japonais et édité en noir et blanc, Crying Freeman se démarque des productions habituelles inérantes aux mangas. Ce qui frappe en premier dans l'oeuvre de Kazuo Koike et Ryoichi Ikegami, c'est son approche à la fois réaliste et référenciel des polars mafieux des années 80. Exit donc les personnages aux yeux gros comme ma main, au menton anguleux à en rayer un disque vinyl et aux cheveux façon serpillère. Ici, l'influence du manga se devine sans jamais s'imposer aux yeux du lecteur. Les personnages sont proportionnés de manière réaliste, les héros sont beaux et dangereux, les femmes sont fatales et manipulatrices. Le sexe est décomplexé et la violence exacerbée. Le découpage cinématographique participe à l'imersion et rend l'action ultra-dynamique (pas étonnant que Christophe Gans s'est servi de la BD comme story-board pour son adaptation à l'écran).
L'univers de Crying Freeman se situe donc dans le milieu mafieux des yakuzas, place donc aux tatouages en signe d'appartenance aux clans divers, aux rituelles obscures d'anciens temps, à la course éffrennée des membres pour la prise du pouvoir et aux flics corrompus qui veulent leur part du gateau.
Le héros, tueur malgré lui à la solde d'une société secrète va se libérer de ses commanditaires au contacte d'une belle jeune femme, témoin d'un meurtre. Cette rencontre déclenchera une guerre sanglante entre les différentes factions pour remplacer le parrain assassiné.
Voilà une BD que je recommande au plus grand nombre même à tout ceux qui sont hermétique au manga (enfin, pour peu que le sexe et la violence ne rebutent pas), pour son dessin dont le trait précis impose le respect et pour son scénario qui témoigne d'un amour sincère envers le genre.